Résumé
Nous sortions peu de cet appartement. L’été surtout, à cause de la chaleur qui écrasait les rues. À cause des bruits de violences qui s’entendaient sous nos fenêtres. Mais la nuit, je quittais mon lit, je parcourais le couloir, je passais des portes dans une obscurité presque complète. Je me croyais dans une forêt. J’y faisais des rencontres. Une rivière, un pont, un moulin, des animaux, de fiers chevaliers, des fantômes. Avec le temps, je compris qu’eux aussi, de leur côté, me regardaient comme un fantôme. Tel chevalier se signait à ma vue. Je compris qu’ils me prenaient pour un ermite ayant perdu la raison et qui errait sans but. Je buvais l’eau de la rivière et mouillais mes cheveux.