Je me décide à poster quelques extraits de mon recueil Aux chants d'honneur, des extraits de parties qui ne sont pas visibles sur le site. :)
Extraits de la partie 3 : Ode à la Mort et aux Ténèbres
L'Illuminée
Je suis l'illuminée La folle au regard de mer Les yeux blanchis par la vie Les larmes d'or et de cristal Perlant au bout de mes doigts Les rubis de la vie des autres Ceux qui s'agitent dans mon coeur Aux mille noms de l'imaginaire Là est le dieu fourbe Rusé comme la fouine et d'âme Si semblable à mon âme Ici se trouve son frère Pâle et livide comme le cadavre Au triste sourire de Mort
Je marche sur les pas D'un arc-en-ciel poétique Sur les ciels de cristal Des ponts de Londres ou de Paris Fille de Rimbaud et de Verlaine Je taille ma plume contre mon coeur Tissant de mes doigts clairs Un paysage d'amour et de fureur Laissant la Guerre faire son travail Tendre et ferme comme le Père Il est l'homme des circonstances Qui agitent le malheur De la blanche page d'encre Noires blessures en rouge vif
Je danse sur la vie Maudite décadente illuminée Par les poèmes d'une ruine ancienne Je lutte le crayon à mes côtés Main dans la main avec le cauteleux Qui aime à guider d'un sourire amusé Mes doigts malhabiles au vol Des secrets tendres qui se cachent là Au creux de la poitrine palpitante Et derrière les améthystes de ses yeux Qui rencontrent deux saphirs pâles Je perçois des mystères Palpables à mes mains tremblantes Enseignement de son âme douce
Je chante le fin douce Les mains pleines du rubis des vies Tandis qu'ils m'entourent et me réchauffent Vieux amis à l'inégalée tendresse Et lui sait quand vient l'heure Et lui comprend l'âme à la perfection Miroir de sa créatrice Il sourit car il n'oublie Que les blessures refont les coeurs Que la chaleur est vie d'automne Avant la renaissance foudroyante Il sait et il connait Et son sourire m'avoue tout Et son sourire m'enseigne tout
Chimère et créateur Mains liées l'un à l'autre Danse d'une page blanche Et d'un esprit aveuglé Qui s'est tendu le miroir Et à sourit en y voyant son reflet Homme blessée pour femme meurtrie Violets et bleus d'une expressive froideur La vie est cruelle et ils souffrent le sourire Quand le bonheur n'est pas à eux Mais ils savent enfin guérir Quand vient le moment Ils se soutiennent tendrement Vies dans deux réalités Divinité et humaine associés
Le violon
Le cri déchire l'aube, Le voile se fend et se fissure, Sous la lame noire, Calme d'une tempête.
Assise sur sa colonne, Elle regarde, tranquille, Ses notes s'envolent, Mineures d'une nuit sans lune.
La chevauchée sauvage, Roule dans les cieux, Gronde la vie, La mort se fait.
Elle plaque ses accords, Harmonies mineures pour Tremblements majeurs, Pâle et blême dans la vie.
Le coeur de pierre, Dans la poitrine d'ivoire, Dans le corps d'albâtre, Et pourtant, elle sourit.
Elle s'apaise le corps battu, Elle se calme les os gelés, L'archet glisse, De ses mains blanches.
Les cordes se tendent, Les corps se brisent, Le violon rejoint l'humus, Suivi d'une perle d'écarlate.
Extraits de la partie 4 : Chants aux Dieux Anciens
Dame et Maîtresse
Je suis l'Enfant des rois, La Belle de Nuit insoumise, Devant qui s'écrasent les hommes, Celle qui marche d'un pas de neige, Couverte de la cape d'automne, Tissée de deuils et de larmes.
Je suis l'Enfant des vengeances, La Reine des Damnés, La Morte et la Vivante, Qui abat les espoirs, Par la funeste promesse Du soir de la vie.
Je suis l'Enfant des flammes, La Maîtresse des Banquets, La Dame qui accueille, Quand ils s'écroulent dans la neige, Leur tendant mes doigts d'ivoire, De marbre froid comme la vie.
Je suis l'Enfant de la Louve, Celle qui ne fléchit pour les larmes, Celle qui scelle les destins de la Toile, Celle qui effleure les vivants, De la main de la mort, Blottie dans leur ombre, Mon squelette se cache.
Je suis la Reine des Morts, L'Impératrice des Ames, La Dame qui se penche et bénit, Chaque tombe et chaque lit, Dans lesquels reposent mes enfants, Les assassinés du temps, Et de la maladie.
Sonnet pour une complainte
Les cascades tombent, pesantes et amères, Glaciale lumière, art d'une larme de fer, La voici, sa complainte, tel l'or vil du Rhin, Que les ondines pleurent, tendant leurs doigts fins!
Entre ses bras blêmes, son visage repose, Pâle face brûlée par des traces d'airain, Il fixe l'aurore, sourire jamais n'ose, Il patiente, Gjallarhorn au creux de ses mains.
L'un, yeux aveugles, contemple les océans, Caché de son jumeau ; l'autre gît près de Hel, Sa lumière perdue, ternie au fil des ans.
Ils attendent la glace, le feu, le chaos, Ils attendent là-bas qu'elle réchauffe leurs os, Fille brillante de Sunna, dame soleil!