La destinée de Babeth

Le trottoir, la rue… La foule. La foule qui la happe, qui l’entraîne, la foule qui a envahi tout le centre de la ville ; tous ces êtres anonymes, insignifiants,
aussi anonymes, aussi insignifiants qu’elle. Mais si nombreux. Ils sont là, ils la bousculent, ils la projettent au bas du trottoir, l’y font remonter, indifférents. Hébétude. Elle, elle serre avec force contre son corps le grand paquet, long et plat dans son vilain papier brun ; son fardeau est pesant, malcommode ;
ça lui glisse des mains, ça semble vivant et flexible, ça veut lui échapper. Alors elle l’étreint de toutes ses forces : son importance est capitale. Elle reste devant le magasin - une quincaillerie - d’où elle sort... Elle l’a fait.