Lors de mon premier cours de voile, j’avais cinq ans. J’intégrais un groupe déjà constitué et le moniteur n’a pas pris le temps de m’expliquer en détail le maniement d’un bateau. Comme on me remorquait, l’eau entrait par le puits de dérive et immergeait presque la coque. Affublée d’une timidité maladive, je n’osais appeler à l’aide. C’est ainsi qu’à la barre de mon optimist, avant même d’envoyer la grand-voile, j’ai cru sombrer dès le premier jour. Malgré cette cuisante expérience, mes rapports à la navigation se sont vite adoucis et les dériveurs m’ont propulsée vers mes premiers vertiges de liberté. Si j’ai par la suite navigué en famille dans les Antilles et ramené notre bateau en Méditerranée, la mer est restée pour moi l’élément changeant, doux, exaltant, capable de vous engloutir si vous ne veillez pas.