Croyance

Les points positifs :
Pour moi, l’un des points les plus forts du roman, c’est clairement la métaphore très bien réussie de la transmission des démons par son père, au sens large, représentée à la fois par les visions surnaturelles que vit Mathieu, mais aussi par la répétition des comportements autodestructeurs, presque comme un poison génétique qui se transmet de père en fils. Je trouve que cela illustre parfaitement comment nos ancêtres se « réincarnent » en nous, que ce soit dans le bien ou dans le mal. Comme on dit, « les chiens ne font pas des chats ».

Il y a aussi le mystère qui plane tout au long du livre. On n’est jamais absolument sûr de ce qui ronge Mathieu. Il y a des indices disséminés qui me laissent penser que, tout comme son père, il pourrait être « possédé » par une entité maléfique qui les détruit peu à peu. Tous deux ont des moments de sauvagerie où ils perdent totalement conscience d’eux-mêmes, devenant presque d’autres personnes. Quoi qu’il en soit, cela suggère peut-être que cette entité invisible est bien plus puissante et dangereuse que ce que le roman explique officiellement jusqu’à présent.

Ce mystère nourrit l’imagination et laisse penser que cette créature continuera à faire couler de l’encre même après la mort physique de Mathieu, en nous poussant à nous interroger sur ses origines, ses buts, etc. Cela fait appel à notre curiosité de lecteur.

L’atmosphère est parfaitement transmise. On arrive à imaginer très précisément les émotions des personnages, ainsi que la lourdeur et l’ambiance sombre, presque oppressante, de certains passages. La description soignée de certains détails participe beaucoup à cette immersion et à la qualité de la narration. Le style d’écriture va droit au but : il est direct, sans chercher à faire des effets inutiles. Cela rend la lecture simple et agréable.

Enfin, le développement de la personnalité de Mathieu et sa lente descente aux enfers sont très bien réussis.

Les points négatifs :
Parmi les aspects qui m’ont moins convaincu, j’ai surtout ressenti un certain déséquilibre dans la construction de l’histoire. Le récit manque d’une intrigue principale forte et claire : l’affaire en arrière-plan est très secondaire et ne structure pas vraiment le roman. Ce qui domine, c’est une histoire très « individuelle », centrée sur peu de personnages — principalement Mathieu — ce qui peut être une volonté scénaristique visant à le mettre encore plus en avant, et n’est pas forcément une erreur en soi.

Un autre point qui m’a marqué : le développement des personnages secondaires reste assez superficiel. Par exemple, le père, dont le personnage est introduit assez longuement au début, devient rapidement très secondaire et perd en importance au fil du récit. Cet « abandon » du personnage est dommage et laisse un peu sur sa faim. En général, tous les personnages à part Mathieu, et son père au début, ne sont pas très exploités.

De plus, les nombreux sauts dans le temps, surtout au début du livre, peuvent déstabiliser le lecteur.

Enfin, certains dialogues m’ont paru trop longs, parfois inutiles, donnant au texte un rythme qui rappelle par moments davantage un script de film policier qu’un roman littéraire. Cela alourdit certains passages.