Résumé
Il y aurait au moins une bonne raison de ne pas lire ce livre : tant de commentaires, essais, analyses, critiques' ont déjà été écrits à propos de Proust que celui qui voudrait les lire tous n'aurait guère le temps d'ouvrir d'autres livres, pas même' A la Recherche du Temps Perdu !
Il y aurait eu surtout d'excellentes raisons de ne pas l'écrire, ce livre : l'auteur était convaincu, avant de commencer, qu'il ne pourrait jamais en finir avec Proust, que, face à une ??uvre aussi riche, il n'aurait pas le dernier mot ; que d'autres peut-être avaient déjà exploré certaines des voies qu'il se proposait de suivre. Il savait surtout que toute analyse, comme le dit Jean-Pierre Richard, attente inévitablement au texte analysé, le découpe, le morcelle, l'appauvrit.
Pourquoi alors écrire quand même cet essai ? Peut-être parce que lire seulement La Recherche, même en boucle, même attentivement, restait encore un exercice trop passif, trop superficiel, trop fugace. Parce que la lecture générait une frustration que l'écriture seule pouvait en partie réduire. Parce qu'écrire, c'était tout simplement relire Proust, mais mieux, plus activement.
Ecrire comme on dessine pour mieux voir, lorsqu'admirer ne suffit plus.
Et ce que l'auteur a vu dans La Recherche, c'est un formidable appareil stratégique dirigé contre la Mort. Mort refoulée, exclue et qui, par conséquent, est omniprésente.